Les Discours du Roi

Message Royal à l’occasion de la commémoration du quarantième jour de la disparition de Feu M’hamed Boucetta

SM le Roi Mohammed VI, que Dieu L’assiste, a adressé, vendredi 31 mars 2017, un message à l’occasion de la commémoration du quarantième jour de la disparition de Feu M’hamed Boucetta.

Voici le texte intégral du Message Royal, dont lecture a été donnée par le Conseiller de SM le Roi, M. Abdellatif Menouni :

«Louange à Dieu,

Prière et salut sur le Prophète, Sa Famille et Ses Compagnons.

Mesdames, Messieurs,

C’est avec une vive émotion et un profond recueillement que Nous commémorons aujourd’hui, avec vous, le quarantième jour du décès de l’un des enfants les plus bienveillants du Maroc, feu Maître M’hamed Boucetta, que Dieu l’ait en Sa sainte miséricorde.

Ce qui Me vient à l’esprit à cette occasion, ce sont les moments émouvants qui ont imprégné notre rencontre, la dernière fois que Je lui ai rendu visite à l’hôpital. J’étais loin d’imaginer qu’il allait nous quitter pour répondre à l’appel de Dieu, quelques semaines après cette visite.

Je l’ai trouvé comme Je l’ai toujours connu, bienveillant et cordial, spontané et à l’âme joyeuse, un homme au verbe rassis et au propos mesuré.

C’est avec un profond sentiment de considération que Je me remémore les fois où, pendant mon jeune âge, il M’accompagnait dans bon nombre de missions officielles que J’effectuais à l’étranger, que ce soit auprès des dirigeants des Etats de l’Organisation de l’Unité Africaine, ou dans des pays lointains comme l’Inde. De fait, le défunt jouissait d’un grand respect de la part des Chefs d’Etat et de ses homologues ministres.

Par ailleurs, il occupait une place particulière aux yeux de Notre Vénéré Père, Sa Majesté le Roi Hassan II, que Dieu ait son âme. Nous lui portions aussi une grande considération et l’entourions de Notre bienveillante sollicitude, tant et si bien que les portes du Palais Royal lui étaient ouvertes quand il le souhaitait.

Mesdames, Messieurs,

La circonstance implique pour nous d’évoquer la mémoire et les vertus du cher disparu, qui faisaient de lui un grand patriote, un éminent homme d’Etat, un militant politique et partisan chevronné et un bâtonnier novateur, outre les hautes qualités humaines qui étaient les siennes.

En effet, tout le monde atteste de son patriotisme sincère, lui qui s’est engagé à un âge précoce dans l’Action nationale et dans la lutte pour la liberté et l’indépendance du Maroc.

Nous lui connaissons aussi sa fidélité indéfectible au Glorieux Trône Alaouite, son attachement loyal et immuable aux constantes et aux sacralités de la Nation, et son dévouement dans la défense de ces symboles, au premier chef desquels vient la justesse de notre Cause nationale. Nous ne perdons pas de vue non plus son engagement actif à faire prévaloir la Cause palestinienne.

Mesdames, Messieurs,

Avec la disparition de feu M’hamed Boucetta, le Maroc a perdu l’un de ses grands Hommes d’Etat, connus et reconnus pour leur sagesse, leur hauteur de vue et leur engagement au service des Causes de la patrie et des citoyens.

Tout au long de son parcours jalonné d’apports patriotiques sincères, il a fait preuve d’un sens élevé des responsabilités, d’un dévouement et d’une abnégation indéniables dans les différentes missions et les diverses responsabilités représentatives, gouvernementales et diplomatiques qu’il a exercées avec tout le mérite et toute la compétence requis.

Compte tenu de cette expérience large et diversifiée, Nous avons décidé en 2003 de nommer le regretté disparu à la tête de la Commission consultative chargée d’apporter des amendements substantiels à l’ancienne Moudawana.

Effectivement, il a été à la hauteur de Notre bonne opinion, et s’est acquitté pleinement de sa mission, en permettant par son apport constructif que ladite Commission achève ses travaux et produise un Code de la Famille avancé.

Sur le plan politique, le défunt, que Dieu le bénisse, était un militant expérimenté et talentueux, un leader de parti sage, appréciant l’action politique noble et faisant de la politique dans le respect de ses principes éthiques et de ses finalités sublimes.

Voilà pourquoi le défunt avait un style qui lui était propre, agissant comme un homme de méthode et de persuasion, plus qu’à la manière d’un homme de polémique. Avec son flair et son intuition, il comprenait que l’essence de l’action politique responsable résidait fondamentalement dans une quête ardue et constante de la mobilisation nécessaire pour atteindre les objectifs adaptés à chaque étape.

Tout cela procédait d’une prise de conscience profonde quant à la nécessité de s’engager à préserver les grands équilibres fondateurs de l’Etat marocain et à donner la priorité à l’action commune constructive.

Comme l’action politique réfléchie et lucide était un trait structurant de la personnalité du disparu, son intérêt pour les Causes cruciales de la Nation ne l’a jamais quitté, jusqu’au terme de sa vie.

Grâce à ses qualités rarissimes, il a réussi à emporter l’adhésion unanime de l’ensemble des composantes du parti de l’Istiqlal, dont il fut l’un des fondateurs avant d’en assumer les charges du Secrétariat général pendant plus de vingt-quatre ans. Par la suite, il est devenu membre du Conseil de la présidence du parti et président de la Fondation Allal El-Fassi, se posant ainsi en digne successeur de son illustre prédécesseur.

Il s’est affirmé aussi comme une référence pour les dirigeants, les militants et les militantes du parti, eu égard à la vaste expérience qu’il comptait à son actif, à la sagesse et à la lucidité qui caractérisaient sa gestion des affaires politiques, ferme sur ses principes et enclin au dialogue et au consensus positif, qui placent l’intérêt national au-dessus de toute autre considération.

Mesdames, Messieurs,

Le regretté disparu jouissait de toute Notre estime et de toute Notre sollicitude pour les éminents services rendus à sa Patrie et à son Roi.

Nous n’avons jamais vu en lui « un sage silencieux », mais un « sage » au sens plein du terme, sachant quand ne pas prendre la parole, et quand ne pas garder le silence. C’est là une approche pondérée à laquelle le défunt, que Dieu le bénisse, s’est tenu jusqu’à la fin de ses jours.

Quoique Nous disions des qualités du défunt, Nous ne lui rendrons pas l’hommage qui lui est dû, si nous omettons d’évoquer son côté humain authentique.

En effet, Boucetta, l’homme, était respecté et admiré de tous ceux qui l’ont connu ou qui ont travaillé à ses côtés, eu égard à la bonne moralité, à la compagnie bienveillante et cordiale, à la simplicité et à la modestie sincère dont il faisait preuve.

Ceci fait de lui un exemple à suivre pour les générations présentes et futures appelées à marcher sur ses pas et à s’inspirer de ses vertus: l’amour de la patrie et l’engagement dévoué à défendre ses Causes et à relever les défis auxquels elle fait face.

Que Dieu bénisse l’illustre défunt, inspire aux siens, à sa petite famille et à sa grande famille istiqlalienne, et à tous ses admirateurs, patience et réconfort, et l’agrée dans Ses infinis paradis.

« Il y a, parmi les croyants, des hommes qui ont été fidèles au pacte qu’ils avaient conclu avec Dieu. Tel d’entre eux a atteint le terme de sa vie, tel autre attend, et leur attitude n’a jamais changé ». Véridique est la parole de Dieu.

Wassalamou alaikoum warahmatoullahi wa barakatouh”.