
La 28ème édition du festival de Fès des musiques sacrées du monde, dont l'ouverture a été présidée vendredi 16 Mai par SAR la Princesse Lalla Hasnaa, mettra en valeur l'Afrique dans toute sa beauté, sa diversité, sa vitalité et sa spiritualité.
Dès la somptueuse création d’ouverture, donnée sur la grande scène de Bab Makina, cette dimension africaine jaillit, porteuse de sens dans le cadre de la thématique des "Renaissances".
Selon un communiqué de la Fondation "Esprits de Fès", elle valorise l’Afrique, comme une terre luxuriante où la Nature et l’Homme participent d’une écologie millénaire qui offre son modèle civilisationnel au monde tout en illustrant le rôle de Fès comme source spirituelle et pivot des mouvements de renouveau culturel et religieux, à l’échelle du continent.
"Nous avons voulu rendre cet hommage à l’Afrique, un continent dont la jeunesse veille à préserver et célébrer ses traditions millénaires, à la transmission de son héritage pour les générations futures, contribuant ainsi à sa renaissance culturelle", explique M. Abderrafia Zouitene, président de la Fondation Esprit de Fès, cité dans le communiqué.
"Cet hommage renforce l’ancrage du festival et du Maroc à ses racines africaines et s’inscrit en droite ligne avec les engagements du Maroc en faveur de la coopération Sud-Sud conformément à la Vision Royale", poursuit-il.
La même source qui fait état d’une programmation riche et éclectique qui transportera les festivaliers d’extases en méditations, de célébrations en transes, tout au long des prochains jours, indique que le festival mettra en avant des artistes venus des divers horizons du continent, du Maghreb (Maroc) à l’Afrique de l’Ouest (Sénégal, Mali, Ghana), de l’Est (Burundi) et, au-delà, de l’Océan Indien (Mayotte), des Caraïbes (Haïti) et du vaste monde des diasporas.
Des troupes ancrées dans leurs traditions d’origine feront partager des rituels à l’émotion puissante. Ainsi, les femmes de l’île comorienne de Mayotte interpréteront, samedi à Jnan Sbil, les chants et les danses du Deba, poème mystique du culte soufi accompagnant le retour des pèlerins de la Mecque (17H).
Seront suivies le même jour à 23h par les fameux Maîtres Tambours du Burundi, réputés pour être les meilleurs joueurs de tambour du monde, qui ponctueront de leurs rythmes et de leurs clameurs une symphonie de la mémoire, véritable appel à la transe.
Chaque soir à Jnan Sbil à partir de 23h, la méditation se poursuivra par des nuits soufis qui verront se succéder les orchestres et confréries du Maroc et d’Afrique subsaharienne: les Master Musicians of Jajouka (dimanche), les Chants Kassaïdes Mourides du Sénégal (lundi), la Tradition Tijâniyya (mardi), la Confrérie Aissawa (mercredi), le Malhoun (jeudi), la Hamdouchiya de Meknès (vendredi), pour une mise en perspective du soufisme africain qui met en valeur la diversité et la richesse du rite à travers ses diverses interprétations.
Certains artistes revivifient, souligne-t-on, leur patrimoine musicologique afin de mieux le transmettre aux nouvelles générations. C’est le cas du Malien Adama Sidibé, dernier joueur professionnel de «sokou», cette vièle monocorde jouée par les bergers, qu’il confronte au violon de Clément Janinet, disciple du jazzman Didier Lockwood. De leur rencontre naît « Concerto pour Sokou », un répertoire inscrit dans une approche de «world music».
D’autres formations mettent en valeur une Afrique en mouvement, à travers des créations contemporaines enthousiasmantes, tel le «SpiriTuaL HeaLinG» du brillant saxophoniste et multi-instrumentiste Jowee Omicil (mardi 17h, Jnan Sbil). Haïtien et Canadien, nourri d’Afrobeat nigérian et de spiritual jazz, il délivre une incantation rituelle qui fusionne la puissance de la révolution haïtienne de 1804 à l’esprit profond du free jazz noir du New-York des années 60.
John Kwame Osei Korankye (mardi 20 17h, Jnan Sbil) est, quant à lui, une grande figure du seperewa, la harpe traditionnelle du Ghana, qu’il a commencé à apprendre avec son grand-père. A travers "L’Art de la harpe Serepawa" et sa musique envoûtante, il se présente comme le gardien d’une tradition qu’il ouvre à la modernité et aux rencontres artistiques.
Le point d’orgue de cette programmation africaine sera enfin donné, lors du concert de clôture du Festival (samedi 24, Bab Makina) avec une "Grande Nuit des Griots, de l’ancien Royaume Ashanti à l’Empire Mandingue", dirigée par le grand Ballaké Sissoko Orkestra du Mali, accompagné du précédent, Osei Korankye.
Détenteurs du savoir traditionnel, conteurs, poètes, généalogistes, historiens, conseillers des puissants et musiciens, les griots chantent l’amour, la splendeur du fleuve Niger, la geste de Soundiata, le temps, la mort. Et quel qu’en soit le thème, leurs mélodies et leurs paroles sont au diapason car il y est toujours affaire de sens.
Pour que la fête soit encore plus belle et accessible à tous, les rues de Fès aux alentours de Bab Boujloud qui vibreront des animations gratuites offertes par les performeurs de la troupe "Africa Spirit" avec le "Zaouli de Manafla", danse de masques traditionnels de Côte d’Ivoire, et le spectacle "Les Echassiers".
Organisée sous le haut patronage de SM le Roi Mohammed VI, cette édition se poursuivra jusqu’au 24 mai.
(MAP: 18 Mai 2025)