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Mardi 25 Mars 2014

Le modèle de développement au Sahara examiné par des experts internationaux en marge du CDH

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Le modèle de développement au Sahara examiné par des experts internationaux en marge du CDH

Le modèle de développement pour le Sahara marocain a été examiné par des experts internationaux, mardi au siège de l'ONU à Genève, lors d'un séminaire organisé en marge de la 25e session du Conseil des droits de l'Homme (CDH).

Ce séminaire initié par la Mission permanente du Maroc auprès des Nations unies, sous le thème "quel modèle de développement pour les régions autonomes?", a été animé par le président du Conseil économique, social et environnemental (CESE), Nizar Baraka, ainsi que par des académiciens venus de Belgique, Portugal, Philippines, Irak et Suisse.

Les panélistes se sont livrés à une analyse comparative entre le nouveau modèle de développement des provinces du sud du Royaume et les plans de développement mis en oeuvre dans le cadre d'expériences autonomiques au Portugal (Açores et Madères), en Belgique (Wallonie), aux Philippines (Mindanao) et en Irak (Kurdistan).

L'accent a été également mis sur la pertinence du nouveau modèle de développement des provinces du Sud, comme levier pour favoriser la croissance, le développement et la gouvernance locale, en perspective de la mise en oeuvre de l'initiative d'autonomie pour la région du Sahara. 

Dr Christina Schori-Liang, professeur au Centre de politique de sécurité de Genève a relevé que le recours à l'autonomie comme solution aux conflits a démontré sa viabilité et sa pertinence dans plusieurs cas comme Aceh (Indonésie), Mindanao (Philippines) et Kurdistan (Irak). "Les arrangements retenus ont permis de réconcilier le respect de l'intégrité des Etats avec la capacités des populations locales de gérer leurs propres affaires tout en évitant la radicalisation violente des différends liés aux tendances séparatistes d'entités non-viables économiquement et politiquement", a expliqué Mme Schori-Liang, qui a modéré le débat.

Dans ce contexte, M. Baraka a rappelé que l'objectif du nouveau modèle pour le Sahara est de favoriser la mise en place d'un système économique régional, favorisant la croissance, la création de richesses et d'emplois.

La démarche participative adoptée dans ce cadre, a-t-il précisé, a permis d'impliquer les représentants de la population locale et plus de 1.500 acteurs économiques, sociaux et civils et administrations centrales et régionales. 

L'analyse menée à cet effet a permis d'identifier les freins et les leviers de développement des provinces du sud et de proposer des orientations stratégiques, a expliqué le président du CESE qui a cité la réduction de la centralisation des décisions en privilégiant la participation de la population, la primauté du droit et le renforcement des capacités locales.

Il s'agit aussi, selon lui, de hâter le désenclavement de ces provinces à travers une meilleure connectivité permettant de les intégrer dans le vaste bassin économique maritime allant de la côte nord du pays à celle de l'Afrique de l'Ouest et des Iles Canaries.

Pour M. Carlos Pacheco Amaral, de l'Université des Acores, les plans d'autonomie aux Madères et Açores présentent des similitudes avec celui pour le Sahara. Il a à ce propos évoqué l'identification du développement socio-économique des régions concernées comme un objectif fondamental de l'autonomie, au même titre que la participation des citoyens dans la vie politique du pays. "Au Portugal comme au Maroc, le plan d'autonomie repose sur le principe de subsidiarité et de solidarité entre les régions", a-t-il fait valoir.

De son côté, M. Hiwa Osman, journaliste et académicien irakien a estimé que le modèle de développement des provinces du sud est "un bon exemple pour d'autres régions autonomes dans le monde". "Ce modèle crée les conditions propices pour le développement intégré et harmonieux de la région en tant que levier important pour favoriser l'initiative marocaine d'autonomie", a-t-il dit, affirmant que sa mise en oeuvre permettra au Maroc d'éviter les multiples différends affectant les relations du Kurdistan avec le pouvoir fédéral à Bagdad. 

"La place de choix qu'occupent les droits de l'Homme confère à ce modèle une force et une crédibilité qui suscitera la mobilisation et l'adhésion de la population concernée", a-t-il fait observer. 

Même son de cloche chez M. Bacani Benidicto, professeur à l'Université de Mindanao (Philippines) pour qui la réussite de toute expérience d'autonomie "repose sur le lien entre le développement économique de la région et le niveau de son autonomie politique et fiscale". A cet égard, il a relevé que l'initiative marocaine d'autonomie et celle de Mindanao "présentent des similitudes en termes de compétences économiques dévolues" à ces deux régions respectives. 

L'Agence du Sud marocaine, a-t-il noté, "joue un rôle plus important dans le développement du Sahara, en comparaison avec celui plus limité de la Mindanao Development Authority". Cet expert a en outre souligné que le nouveau modèle de développement des provinces du sud et la loi organique du statut d'autonomie de Midanao partagent les mêmes principes et objectifs de développement humain intégré. 

Cependant, a-t-il observé, "le succès du modèle de développement dépendra du niveau de coordination et de synergie entre les intervenants nationaux, régionaux et locaux chargés de sa mise en oeuvre".

Quant au professeur Philippe Suinen, de l'Université Libre de Bruxelles, il a procédé à une lecture comparative entre l'autonomie de la Wallonie et l'Initiative marocaine d'autonomie pour le Sahara. 

Il n'a pas manqué de souligner l'importance du nouveau modèle de développement des provinces du sud en ce qu'il vise à créer les conditions du décollage économique et social de la région du Sahara en perspective de la mise en œuvre de l'initiative d'autonomie.

Ce séminaire international a été marqué par la présence de plusieurs chercheurs, représentants de médias et de diplomates, dont l'ambassadeur représentant permanant du Maroc auprès de l'ONU, M. Omar Hilale.

(MAP-25/03/2014)