Le Chef du gouvernement répond aux questions des conseillers concernant la politique générale du gouvernement sur l'investissement et la compétitivité de l'entreprise

Le Chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, a appelé mercredi à Rabat, à libérer le système de production des dysfonctionnements liés à la rente pour hisser la compétitivité et la productivité du secteur industriel.
M. Benkirane qui répondait a une question centrale sur "les difficultés de l'investissement et les paris pour préserver la compétitivité de l'entreprise et le pouvoir d'achat des citoyens", lors de la séance mensuelle des questions orales à la chambre des conseillers sur la politique générale du gouvernement, a souligné que le développement de ce secteur exige un rééquilibrage en accordant une place prioritaire, à côté de l'investissement étranger, à l'investissement national, aux petites et moyennes entreprises industrielles et aux investissements dans les zones rurales.
Il a, en outre, appelé à consolider la coopération entre les organisations professionnelles et les représentations syndicales en vue de préserver l'avenir de l'entreprise, réhabiliter le climat d'affaires et faciliter l'accès au financement ainsi qu'à l'immobilier et à mettre en vigueur la loi réglementant la grève.
Et d'ajouter que le renforcement de la compétitivité de l'entreprise, précisément celle de nature industrielle, représente désormais une priorité pour les politiques publiques à l'échelle internationale, ajoutant que le secteur n'a pas bénéficié d'une attention suffisante durant plusieurs décennies, vu que l'industrie a été limitée à certains projets qui ont profité du soutien et de la participation de l'Etat.
M. Benkirane a, dans le même cadre, précisé que l'amélioration du climat d'affaires exige d'abord d'ajuster les équilibres macro-économiques qui constituent, selon lui, la base d'un climat d'affaires favorable, qui rassure les acteurs économiques nationaux et internationaux sur leurs investissements, gagnant ainsi leur confiance quant à l'avenir pour le lancement de programmes d'investissement à moyen et à long terme.
Il a également noté que le gouvernement a réussi "à mettre fin au trend baissier des finances publiques et des équilibres extérieurs", en réduisant, durant une année seulement, le déficit budgétaire de deux points du PIB, soit 5,2 pc en 2013 contre 7,3 pc en 2012, ajoutant que le déficit du compte courant de la balance des paiements est passé de 9,7 pc en 2012 à 7,6 pc en 2013, tout en contrôlant le niveau de l'inflation au-dessous de 2 pc.
Le Chef du gouvernement n'a pas manqué de rappeler la mise en œuvre d'un programme ambitieux axé sur 9 projets stratégiques portant notamment sur la promotion de l'entreprise et des investisseurs, notant, qu'à cet effet, plusieurs mesures, d'ordre législatif et réglementaire, ont été prises en faveur de l'entrepreneuriat et l'investissement.
Dans le même cadre, M. Benkirane a rappelé les mesures pises pour alléger la trésorerie des entreprises à travers notamment l'accélération des délais de remboursement de la TVA, l'annulation, en 2014, de la règle de décalage temporel relatif à la déduction de la TVA, le remboursement du crédit de TVA cumulé, précisant que ces mesures se sont traduites par un impact favorable sur l'attractivité du Royaume.
A cet effet, il a rappelé que le Maroc a amélioré sa position dans l'édition 2015 du classement Doing Business de la Banque mondiale relatif au climat des affaires, en progressant de 16 rangs, se hissant à la 71e position au lieu de 87, mettant également en avant l'amélioration de son classement en terme de compétitivité réalisé par le Forum économique mondial (WEF) en 2014, passant de la 77 ème place à la 72 ème, soit un gain de 5 places par rapport à l'année dernière.
Le Chef du gouvernement a également évoqué les procédures prises pour encourager les grands secteurs industriels et soutenir la compétitivité du secteur du textile et de l'énergie, signalant que le développement du secteur industriel requiert des ressources humaines qualifiées et la mise en place d'infrastructures nécessaires.
En matière du renforcement de l'investissement public, M. Benkirane a indiqué que le gouvernement a consacré, dans ce cadre, une enveloppe financière de 186,6 milliards de dirhams (MMDH) en 2014 contre 180 MMDH en 2013 et prévoit de porter cette enveloppe à 189 MMDH en 2015.
Il a également noté qu'en vue d'accélérer l'exécution des programmes d'investissement au niveau des institutions et des entreprises publiques et améliorer la gouvernance et la productivité publique, le gouvernement œuvre à encourager les relations contractuelles entre l'Etat et ces institutions, ainsi que la réforme de la gouvernance et le contrôle financier de l'Etat.
M. Benkirane a également appelé à hisser l'efficacité de l'investissement public pour améliorer sa contribution dans le développement économique, tout en renforçant sa répartition géographique, "ce qui se concrétisera par l'entrée en vigueur de la loi organique des finances et le projet de la régionalisation avancée, notamment à travers la mise en œuvre du Fonds de qualification sociale et du Fonds de solidarité régionale".
Pour ce qui est de la contribution de la politique de l'investissement dans le soutien et la préservation du pouvoir d'achat des citoyens, M. Benkirane a souligné que l'enveloppe des investissements étrangers directs au Maroc a augmenté pour atteindre 40 MMDH en 2013, dont 39 pc d'investissements industriels, ajoutant que le plan d'accélération industrielle vise à créer 500.000 emplois d'ici 2020 et porter la contribution de l'indutrie dans le PIB de 14 pc à 23 pc.
A cet effet, le Chef du gouvernement a examiné les procédures qui ont contribué à l'amélioration du pouvoir d'achat des citoyens, à savoir l'amélioration des revenus et des salaires, la poursuite de la mise en œuvre des engagements du dialogue social liés à l'accord du 26 avril 2011, la hausse de 10 pc du salaire minimum sur deux ans (2014-2015) et l'augmentation du salaire minimum dans la fonction publique pour atteindre 3.000 DH net.
Et de conclure que le gouvernement œuvre à renforcer la cohésion sociale et à lutter contre la pauvreté et la précarité, à travers la création du Fonds de la cohésion sociale et la mise en œuvre du Fonds de solidarité familiale pour une enveloppe financière de 160 millions de dirhams (MDH), ainsi que la généralisation du Régime d'assistance médicale (RAMED) dont le nombre de bénéficiaires a atteint 7.28 millions à fin août 2014 ( soit 2,69 millions familles), contre 227.727 bénéficiaires à fin 2011( soit 68.297 familles), l'élargissement du nombre des bénéficiaires du programme "Tissir", l'augmentation de la valeur et du nombre des bourses, l'amélioration de accessibilité de la population aux médicaments et le lancement d'une Indemnité pour perte d'emploi (IPE) pour un coût de 500 MDH.
Pour leur part, les partis de l'opposition ont qualifié de "très limitées" les mesures prises par le gouvernement dans le domaine du renforcement de la compétitivité de l'entreprise ce qui se répercute négativement sur le climat d'affaires, provoquant, selon eux, une perte de confiance chez les investisseurs.
Ils ont, aussi, mis l'accent sur plusieurs contraintes qui entravent le renforcement de la compétitivité de l'entreprise, à savoir la complexité des procédures administratives et la corruption, faisant savoir que les investissements publics souffrent de dysfonctionnements liés à leurs répartitions sectorielle et régionale, au manque des réalisations des investissements publics, à la structure des investissements publics et à l'endettement des entreprises.
Et de préciser que le gouvernement a assuré la maîtrise du déficit budgétaire au détriment de l'endettement, tout en critiquant sa politique dans le domaine de l'emploi.
De leur côté, les partis de la majorité ont salué les mesures prises par le gouvernement pour renforcer la compétitivité de l'entreprise, appelant à alléger le poids fiscal, à simplifier les procédures administratives, et à orienter l'investissement public pour lutter contre les disparités sociales, en poursuivant la mise en œuvre des réformes, en particulier la réforme de la justice qui participe à la création d'un climat de confiance chez les investisseurs.
Ils ont également relevé la nécessité de protéger ces procédures et d'améliorer la relation entre les entreprises et les syndicats à travers la mise en œuvre d'une loi pour les syndicats et la grève.
(MAP-03/12/2014)