Le Maroc dénonce à l'ONU l'instrumentalisation politique des souffrances des populations vulnérables

Le Maroc a dénoncé, jeudi à New York, "l'instrumentalisation politique" des souffrances des populations vulnérables et appelé les pays hôtes à assumer leurs engagements en la matière.
Le Maroc "dénonce les obstacles dressés devant l'action du personnel humanitaire et l'instrumentalisation politique des souffrances des populations vulnérables, particulièrement, les femmes et les enfants", a affirmé l'ambassadeur du Maroc à l'ONU, Omar Hilale, devant le Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC).
Les "pays hôtes doivent assumer pleinement leurs engagements découlant de la convention de 1951 et de son protocole de 1967 relatifs au statut des réfugiés", formant le voeu de voir que "des mesures concrètes et efficaces soient prises en vue de permettre aux acteurs humanitaires d'agir efficacement, dans le respect des principes fondamentaux de l'action humanitaire".
Et de citer le rapport du Secrétaire Général de l'ONU qui souligne que les Etats assument la responsabilité première de garantir la sécurité et le bien-être des populations établies sur leurs territoires, en vertu de leurs obligations internationales et conformément au droit international humanitaire et le droit international des droits de l'Homme.
"Malheureusement, a regretté l'ambassadeur, ces obligations sont souvent ignorées de manière flagrante et systématique". Lorsque les pays hôtes, "sont incapables de garantir la protection, la sécurité, et la satisfaction des besoins sociaux de base des populations sous leur contrôle, a-t-il dit, une action humanitaire impartiale s'impose pour permettre un accès sans entraves à ces populations".
M. Hilale intervenait dans le cadre des travaux du Segment Humanitaire de l'ECOSOC sur le renforcement de la coordination de l'aide humanitaire d'urgence fournie par les organismes des Nations Unies.
A la fin de l'année 2013, plus de 33 millions de déplacés internes ont été relevés dont 8 millions nouvellement déplacés et 1 millions incapables de retourner chez eux.
Dans son rapport sur la question, rappelle M. Hilale, le Secrétaire Général de l'ONU indique, à juste titre, que des milliers de déplacés et de refugiés sont dépourvus de liberté de mouvement et sont, par conséquent, incapables de bénéficier de solutions durables et de retourner volontairement chez eux dans la dignité.
"Parmi ces populations, les femmes et les enfants qui sont dépourvus de documents d'enregistrement pâtissent le plus des actes discriminatoires, notamment, en matière d'accès aux services de santé et d'éducation", a fait observer le diplomate.
La recherche de solutions durables nécessite, a-t-il préconisé, tout d'abord, la garantie de la sécurité des populations déplacées, la quantification de leurs besoins à travers leur identification et leur enregistrement en vue de leur garantir un accès équitable aux services sociaux de base, notamment, l'éducation, la santé et le logement, en attendant leur retour librement consenti dans leurs pays d'origine.
L'accès des organismes humanitaires et, à leur tête le HCR, à la population vulnérable, conformément aux principes humanitaires d'impartialité, de neutralité et d'indépendance, est au cœur de la mission humanitaire qui est leur raison d'être, a-t-il indiqué.
En effet, a poursuivi le diplomate, la nature changeante des crises humanitaires caractérisées par les conflits armés, les turbulences politiques et sociales, la récurrence des catastrophes naturelles et des crises alimentaires dues à la sécheresse, notamment, au Sahel et dans la Corne d'Afrique, crée une situation qui interpelle "notre conscience collective et met à l'épreuve notre devoir de solidarité et notre humanité".
L'ambassadeur a, à cet égard, fait part de l'appui du Royaume au "Coordonnateur régional des secours humanitaires pour le Sahel chargé de coordonner les efforts des acteurs humanitaires et des acteurs de développement au niveau régional en favorisant une approche fondée sur la résilience et la transition à long terme vers le développement".
Il a, en outre, estimé que la prise de décision dans le cadre de l'action humanitaire ne peut être efficace en l'absence de données et d'informations vérifiées, actualisées et adaptées aux besoins des populations affectées.
"L'évaluation des besoins doit reposer sur des indicateurs fiables et précis dans le cadre d'une optique de développement au sens large", a-t-il dit.
L'échange d'informations entre les Etats Membres et les acteurs humanitaires est de nature à améliorer l'intervention humanitaire, à permettre une allocation optimale des ressources disponibles et à faciliter l'adoption de normes internationales communes en la matière.
L'ambassadeur s'est félicité des efforts déployés par le Secrétaire Général en vue d'assurer une plus grande transparence du système humanitaire à travers l'Initiative Internationale pour la transparence de l'aide.
"De même, a-t-il conclu, le Maroc accueille "favorablement les recommandations contenues dans le rapport du Secrétaire Général, notamment, en ce qui concerne l'appel lancé aux Etats Membres en vue de faciliter l'accès des organismes humanitaires aux populations touchées et la prestation d'une aide humanitaire efficace et transparente, basée sur une évaluation précise des besoins spécifiques de ces populations, conformément aux principes humanitaires fondamentaux d'impartialité, de neutralité et d'indépendance".
(MAP-26/06/2014)