Panama décide de suspendre sa reconnaissance de la fantomatique "rasd"

La décision du Panama de suspendre sa reconnaissance de la fantomatique +rasd+, annoncée officiellement le 20 novembre dernier, vise a réparer une ''erreur'' commise dans les années 70 sous la dictature militaire du général Omar Torrijos, a déclaré le ministre panaméen des Relations extérieures, Fernando Nunez Fabrega.
''Notre décision a été prise après mure réflexion sachant que la reconnaissance de cette entité était le fait d'une dictature militaire dépourvue de toute légitimité populaire. Il s'agit d'une erreur qu'il fallait réparer'', a-t-il dit dans un entretien, vendredi, en marge de sa visite officielle à Buenos Aires.
''Notre décision est basée sur des considérations objectives'', a expliqué le chef de la diplomatie panaméenne, précisant que son pays ne pouvait maintenir la reconnaissance d'une pseudo entité dépourvue de tous les ''attributs de souveraineté que sont le territoire, le peuple, le gouvernement et l'indépendance''.
Le gouvernement panaméen, a-t-il ajouté, ne pouvait continuer d'entretenir des relations avec une telle entité, avant d'ajouter que la suspension de cette reconnaissance est motivée aussi par le rôle qu'aspire jouer le Panama au sein de la communauté internationale en tant qu'acteur régional œuvrant pour la promotion de la paix et l'entente entre les nations.
M. Nunez Fabrega a de même pointé du doigt la responsabilité directe de l'Algérie dans la perpétuation du différend autour du Sahara, réaffirmant que ce problème n'est pas une affaire entre le Maroc et les séparatistes du +polisario+, mais plutôt entre le Royaume et l'Algérie.
Apres avoir rappelé que les responsables des séparatistes circulent avec des passeports diplomatiques algériens, le ministre panaméen a souligné qu'il est dans l'intérêt des pays concernés que le ''calme prévale dans cette région confrontée aux menaces du terrorisme et aux trafics en tous genres et que des négociations sincères soient engagées pour trouver une solution consensuelle'' à ce problème qui, a-t-il dit, entrave l'intégration maghrébine.
Evoquant le plan d'autonomie au Sahara, présenté par le Royaume, le chef de la diplomatie panaméenne a tenu encore une fois à exprimer le soutien de son pays à cette initiative qui, a-t-il insisté, devrait être examinée par les parties selon une ''approche sincère, réaliste et pragmatique''.
L'initiative marocaine constitue une ''base crédible et viable'' pour une solution pacifique à ce conflit régional, a souligné le ministre panaméen des Relations extérieures, ajoutant qu'il partage ''pleinement'' la position des Etats-Unis, réaffirmée lors de la visite de SM le Roi Mohammed VI à Washington, au sujet du plan marocain qualifié de ''sérieux, réaliste et digne de foi''.
''Il est dans l'intérêt des parties de s'asseoir autour de la même table pour examiner les modalités d'application, dans les meilleurs délais, du plan d'autonomie proposé par le Maroc'', a souligné M. Nunez Fabrega, estimant que la persistance du conflit autour du Sahara risque d'avoir des répercussions négatives sur la stabilité de la région et au-delà.
Le chef de la diplomatie panaméenne a, par ailleurs, tenu à saluer les réformes démocratiques engagées au Maroc sous l'impulsion de SM le Roi Mohammed VI, citant notamment les progrès réalisés dans les domaines des droits de l'Homme et des droits de la femme.
S'agissant des relations bilatérales, il a annoncé qu'il va effectuer lors du premier trimestre de 2014 une visite au Maroc pour inaugurer l'ambassade du Panama à Rabat et s'entretenir avec les responsables marocains de la coopération bilatérale notamment en matière agricole et de transport maritime.
Le Panama compte aussi importer des phosphates du Maroc et faire appel au savoir-faire des techniciens marocains en matière de restauration des monuments historiques, a indiqué M. Nunez Fabrega, qui était accompagné lors de cet entretien de M. Demitrio Olaciregui, ambassadeur chargé de mission.
Le conflit du Sahara dit occidental , rappelle-t-on, est un conflit artificiel imposé au Maroc par l'Algérie. Le Polisario, un mouvement séparatiste soutenu par le pouvoir algérien, revendique la création d'un Etat factice au Maghreb. Cette situation bloque tous les efforts de la communauté internationale pour une solution du conflit basée sur une autonomie avancée dans un cadre souverain marocain et une intégration économique et sécuritaire régionale.
(Propos recueillis par Mohamed BENMESSAOUD)
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