
La région de l'Oriental poursuit la mise en œuvre des orientations du Programme national d'économie d'eau d'irrigation (PNEEI), avec la réalisation de grands projets visant à moderniser les systèmes d'irrigation et à valoriser les ressources en eau, en droite ligne des Hautes directives royales visant à relever le défi de la rareté de l'eau et à assurer la pérennité de cette ressource vitale.
Lancé par le ministère de l’Agriculture en 2022, le PNEEI s’inscrit dans le cadre de la Stratégie "Génération Green 2020-2030", qui tend à développer une agriculture durable et résiliente au changement climatique, tout en garantissant une efficacité hydrique et énergétique.
L’importance dudit Programme à l’échelle de la région de l’Oriental se reflète dans sa capacité à combiner la durabilité des ressources en eau avec la sécurité alimentaire, en permettant aux agriculteurs d’accéder aux technologies modernes, d’améliorer la qualité de l’eau d’irrigation et d’étendre la technologie d’irrigation aux exploitations agricoles.
L'un des projets phares lancés dans ce contexte est celui visant la sécurisation de l’eau d'irrigation de la plaine de la Moulouya à partir de l'usine de dessalement d'eau de mer à Nador. Il va permettre de répondre aux besoins de la région en eau potable et en eau d'irrigation, avec une capacité de production estimée à 300 millions de mètres cubes par an, dont 160 millions de mètres cubes destinés à l'agriculture et 140 millions de mètres cubes à l'eau potable.
Ce grand projet permettra d’irriguer environ 30.000 hectares de terres agricoles à valeur ajoutée dans les provinces de Nador, Driouch et Berkane, garantissant ainsi la durabilité des investissements agricoles et du rendement des exploitations, malgré les défis climatiques auxquels la région est confrontée.
Aussi, le projet de modernisation des secteurs d'irrigation de la plaine du Garet est une autre action structurante qui tend à convertir environ 13.500 ha du système d'irrigation par aspersion au système d'irrigation en goutte à goutte au profit de plus de 3.300 agriculteurs des communes de Tiztoutine, Bni Oukil Oulad M’Hand et Hassi Berkane.
Réalisé par l'Office régional de mise en valeur agricole de la Moulouya (ORMVAM) avec un financement du Fonds de développement agricole, ce projet a nécessité un investissement de plus de 900 millions de dirhams.
Il vise à assurer l’efficience hydrique, à améliorer la productivité agricole, à rationaliser la consommation d'eau d'environ 15 millions de mètres cubes, à augmenter la valeur de l'eau d'irrigation de 3,7 à 5,4 dirhams par mètre cube et à améliorer l'efficacité du réseau d'irrigation de 70 à 85%.
Le projet comprend l'aménagement et la construction de 2,6 km de canaux principaux, la réalisation et l'équipement de quatre stations de pompage et de trois stations d’épuration collectives, la réalisation de deux réservoirs de stockage et d'équilibrage d'une capacité de 240.000 mètres cubes, la construction de 4.108 prises d'eau individuelles et la fourniture de systèmes d'irrigation goutte à goutte aux exploitations agricoles, ce qui va contribuer à sécuriser et à valoriser les ressources en eau, à diversifier la production agricole et à améliorer les revenus des agriculteurs.
En parallèle avec ce projet, l’ORMVAM a lancé une étude de modernisation des réseaux d'irrigation sur une superficie dépassant 35.000 hectares en vue de leur raccordement à l'usine de dessalement.
A cet égard, le directeur régional de l'ORMVAM, Mohamed Yaakoubi, a assuré que ces projets, qui englobent le dessalement de l'eau de mer, la construction de grands barrages, et l'élévation du barrage Mohammed V pour porter sa capacité à un milliard de mètres cubes, permettront de sécuriser l'approvisionnement en eau en dépit des défis climatiques.
Il a souligné que les efforts déployés dans le cadre du projet de sécurisation de l'eau d'irrigation de la future usine de dessalement d'eau de mer de Nador ont permis un engagement effectif de souscription à hauteur de 30 millions de mètres cubes, et la mobilisation se poursuit pour atteindre les objectifs fixés pour l'année 2028, en partenariat avec les professionnels et les élus.
M. Yaakoubi a également mis l’accent sur le lancement d'une étude urgente visant à réduire les pertes d'eau dans les barrages et les réseaux de distribution, à accroître l'efficacité de la conduction et à améliorer la performance du système hydrique, parallèlement à la modernisation des systèmes de production agricole et au renforcement de l'adaptation au stress hydrique.
Le responsable de l’ORMVAM a précisé que le taux de réalisation du programme de conversion à l'irrigation localisée a dépassé 85% d’un total de 90.000 hectares dans la région, avec un objectif de 110.000 hectares d'ici 2030, notant que les investissements alloués à ce programme depuis 2004 se sont élevés à environ 4 MMDH, ayant permis d'économiser plus de 150 millions de mètres cubes d'eau par an, et que les expériences d'irrigation intelligente, menées en partenariat avec des institutions scientifiques, ont démontré un potentiel d'économies supplémentaires de 20% par rapport aux systèmes traditionnels.
Pour sa part, le président de l'Association des usagers de l'eau d'irrigation dans la plaine du Garet, Mohamed Taïbi, a estimé que les projets stratégiques en cours dans la région révolutionneront la gestion de l'eau.
Le système traditionnel d'irrigation alternée est devenu obsolète, car il consomme de l'eau sans produire de résultats satisfaisants, a-t-il argué, notant que le système moderne permet désormais une irrigation quotidienne et rationnelle à même d’améliorer les rendements, diversifier les cultures et optimiser les pratiques agricoles et les revenus des agriculteurs.
M. Taïbi a affirmé que ces transformations permettront la mise en place de filières de production génératrices de revenus, la revitalisation de l'élevage, la création d'emplois supplémentaires, l'amélioration du pouvoir d'achat des citoyens et l'accroissement de la compétitivité de l'agriculture régionale.
Il est à noter que pour assurer la réussite de la mise en œuvre de ce programme, des réunions de communication sont organisées afin de sensibiliser les agriculteurs, les professionnels et les élus à l'importance d'une gestion durable de l'eau et d'assurer l'implication de toutes les parties prenantes dans la transition collective vers l'irrigation localisée.
A travers des actions structurées et efficaces, le ministère de l’Agriculture cherche à réaliser une transition exemplaire vers une agriculture économe en ressources, adaptable au changement climatique et capable d’offrir des opportunités d’emploi et une production agricole structurée et compétitive.
(MAP: 24 Juillet 2025)