3ème édition du Forum des entrepreneurs maghrébins
Une pléiade d'acteurs économiques et institutionnels des cinq pays du Maghreb, des représentants d'institutions financières internationales et continentales ont plaidé, lundi à Marrakech, pour l'édification du Maghreb économique, une nécessité impérieuse pour réussir les défis actuels du développement et permettre à la région d'intégrer la logique et les enjeux des espaces économiques mondiaux.
L'ensemble des intervenants à l'ouverture de la 3ème édition du Forum des entrepreneurs maghrébins, organisé à l'initiative de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) qui préside l'Union maghrébine des employeurs (UME), ont été unanimes à déplorer le coût du non Maghreb qui ampute les économies de ses cinq pays de 2 à 3 pc de croissance du PIB consolidé.
"Le commerce intra-maghrébin représente moins de 3 pc des échanges extérieurs des 5 pays du Maghreb. Ce taux est largement au-dessus de 60 pc pour les pays de l'Union européenne, de 25 pc pour l'Asean, de 15 pc pour Mercosur et, plus près de nous, de 9 pc pour la Cédéao", a dit à ce sujet Miriam Bensalah-Chaqroun, présidente de la CGEM.
"Que pèse un de nos pays face aux grands espaces économiques mondiaux? Qui mieux que des pays partageant la même langue et les mêmes repères socio-culturels, présentant des complémentarités économiques évidentes, pouvaient construire un espace économique commun ?'', s'est-elle interrogé.
"Nous n'avons pas la prétention ici d'élaborer une énième tentative de relancer l'UMA. Nous souhaitons seulement œuvrer à la mise en place d'un écosystème qui nous permette de gagner en influence en donnant plus de relief et de consistance à notre union. Aujourd'hui le Maghreb arabe présente toutes les caractéristiques d'un véritable marché régional de consommation et de production, comme il dispose aussi d'un réservoir de compétences jeunes et bien formées", a-t-elle souligné.
"C'est dans ce contexte que s'inscrit ce que nous avons appelé l'initiative maghrébine du commerce et de l'investissement (IMCI). Elle ambitionne d'être une feuille de route avec un plan d'action à court, moyen et long terme, des recommandations basées sur la hiérarchisation des mesures relatives aux politiques publiques et une adaptation des structures organisationnelles patronales pour s'inscrire dans une dimension régionale, a-t-elle expliqué.
"L'intégration économique ne naitra pas du seul fait des actions des Etats, les organisations professionnelles privées doivent porter, nourrir et développer le commerce intra-maghrébin. Elles ont le droit d'être entendues pour la prospérité de nos pays, de nos peuples et de nos économies", a-t-elle plaidé.
Intervenant à l'ouverture de ce conclave, le Chef du gouvernement Abdelilah Benkirane a salué l'initiative du patronat maghrébin qui, malgré la défaillance du politique, tiennent à assurer leur devoir dans l'édification de cet espace maghrébin et consacrer cette union que plaident la géographie, la culture et l'histoire commune de la région.
"Il n'y a pas d'alternative à cette union. Nos chances sont vraiment minimes de réussir, chacun de son côté, les enjeux d'un monde qui s'oriente résolument vers les regroupements et les grands espaces économiques régionaux", a-t-il dit, exhortant les hommes d'affaires et les opérateurs économiques maghrébins à prendre les devants et multiplier les initiatives pour bâtir l'union du Maghreb Arabe.
"Persévérer dans ce sens. Donnez corps à cette union par le biais de l'économique. Sans nul doute, les politiques ne manqueront pas de vous rejoindre", a-t-il lancé aux 600 participants à ce Forum.
Pour sa part, le secrétaire général de l'Union du Maghreb Arabe (UMA) Habib Ben Yahia a affirmé que dans le contexte actuel et face aux grands défis de la conjoncture, il est temps que les hommes d'affaires et investisseurs de la région s'investissent de la mission d'édifier cet espace économique maghrébin tant souhaité.
Il est temps d'intégrer l'ère des regroupements régionaux et l'émergence de grands espaces économiques qui constituent la meilleure voie pour s'assurer la compétitivité et la capacité de défendre les intérêts, a-t-il plaidé.
L'édification de cet espace économique maghrébin requiert une ferme conviction de la part des opérateurs, un cheminement progressif et des projets intégrés dans la perspective de la concrétisation de l'espace économique maghrébin et de hisser les échanges commerciaux au niveau des grands marchés communs à travers le monde, a-t-il conseillé.
L'ensemble des partenaires et les institutions internationales, tels le Fonds monétaire international ou la Banque Mondiale, ne cessent d'appeler à l'intégration de l'espace maghrébin, a-t-il dit, saluant l'initiative des patronats maghrébins dans ce sens depuis 2007 et formulant le souhait d'une volonté politique pour l'édification d'un Maghreb Arabe uni, fort et prospère pour le bien de ses peuples.
Dans un message vidéo, la présidente du FMI, Christine Lagarde a rappelé que l'intégration économique de la région du Maghreb est la réponse la plus appropriée aux questions de la croissance, du développement et de la lutte contre la pauvreté.
Plusieurs facteurs sont favorables à cette intégration économique, dont la géographie, l'histoire et la culture communes et une population jeune et dynamique, a-t-elle souligné, précisant que malgré la complémentarité entre les économies du Maghreb les études menées par le FMI démontrent qu'actuellement le taux des échanges commerciaux intra-maghrébins est le moins important par rapport à d'autres espaces économiques régionaux.
Elle a ainsi appelé à la suppression des barrières douanières, deux fois plus élevées au niveau du Maghreb, et la mise sur pied d'un régime favorable à l'investissement privé intra-maghrébin, saluant l'initiative du patronat maghrébin pour la concrétisation de l'intégration économique de leur région.
Organisé à l'initiative de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) qui préside l'Union maghrébine des employeurs (UME), le Forum des entrepreneurs maghrébins s'assigne pour objectif de relancer l'intégration économique de l'Union du Maghreb arabe (UMA) à travers l'initiative du secteur privé.
Au menu de cette rencontre de deux jours figurent plusieurs ateliers thématiques au cours desquels des intervenants des cinq pays du Maghreb, d'Afrique et d'Europe discuteront des questions essentielles, telles que le coût du non-Maghreb, l'intégration logistique, le Maghreb de l'énergie, l'emploi et le dialogue social intra-maghrébin et la convergence douanière et réglementaire.
Au terme de ce conclave, il sera procédé à la présentation du schéma de l'Initiative Maghrébine pour le commerce et l'investissement (IMCI) et à son lancement officiel.
Si l'union du Maghreb peine à se faire politiquement, c'est à travers l'économique qu'elle se réalisera. C'est le défi lancé depuis 2007 par l'Union maghrébine des employeurs, l'UME, également année de sa création. Depuis le 2e forum à Tunis en 2010, les membres de l'UME se retrouvent actuellement à Marrakech pour se concerter sur les conditions de lancement et de réussite de l'Initiative Maghrébine pour le commerce et l'investissement (IMCI).
L'annonce de cette initiative avait été faite en marge du 1-er forum économique de la Méditerranée occidentale 5+5 organisé à Barcelone par l'Union pour la Méditerranée. Le 23 octobre 2013, les cinq organisations patronales du Maghreb avaient proclamé la création de l'Union maghrébine du commerce et de l'investissement.
Outre la CGEM, l'UME est constituée de la Confédération algérienne du patronat (CAP), le Conseil du patronat libyen (CPL), l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (UTICA) et la Confédération nationale du patronat mauritanien (CNPM).
(MAP-17/02/2014)