M. Baraka : le Maroc est favorable à la mise en place d'une éducation en réseau interafricaine

Le Maroc, conscient de l'importance de l'éducation et de l'emploi des jeunes et fort des initiatives lancées dans ce sens, est favorable à la mise en place d'une éducation en réseau interafricaine pour un véritable partage des savoir-faire, a souligné, jeudi à Dakar, le président du Conseil économique, social et environnemental (CESE), Nizar Baraka.
L'éducation et l'emploi des jeunes qui est un chantier prioritaire, à la fois comme levier de développement économique et social des pays et comme garant de la stabilité sociale, doit faire l'objet d'une coopération renforcée entre les pays de la région, qui partagent le même référentiel culturel, social et parfois culturel, et des relations commerciales étroites, a ajouté M. Baraka qui intervenait lors d'un atelier de l'Union des Conseils économiques et sociaux et institutions similaires (UCESA) sur le thème "Quel système éducatif pour favoriser l'insertion professionnelle des jeunes en Afrique".
Tout en rappelant que le continent africain connaît, depuis qu'il fait figure d'exception avec ses taux de croissance avoisinant les 5 pc en moyenne, une résurgence de l'intérêt international, il a estimé que, pour qu'elle soit pérenne, cette émergence doit se traduire par un modèle de développement économique et social créateur de richesse, inclusif et respectueux des ressources des pays.
Chiffres à l'appui, M. Baraka a relevé que l'Afrique dispose d'un capital humain constitué majoritairement de jeunes qui représentent près de 20 pc de la population du continent, estimant que cela "nous renvoie au système d'éducation et de formation, dont l'accessibilité et l'adéquation sont les deux facteurs clés pour une bonne performance au long du cycle d'apprentissage, du primaire jusqu'à la formation supérieure et continue".
Il s'agit de l'accessibilité afin de lutter contre l'analphabétisme et permettre l'égalité d'accès pour tous, par une disponibilité des infrastructures, des aides aux étudiants, mais aussi par une meilleure adéquation entre l'offre de formation et les besoins du marché du travail national en vue de lutter contre le chômage et le sous-emploi et favoriser véritablement l'ascenseur social, ainsi que par une meilleure adéquation entre les profils des personnes et leur orientation pour garantir un enseignement de qualité, a-t-il expliqué.
Seule la réalisation de ces deux objectifs (accessibilité et adéquation) permettra un véritable développement humain et une participation réelle des populations à la croissance économique, a dit M. Baraka, faisant savoir que pour y parvenir la solution de facilité serait de mobiliser les moyens financiers pour bâtir et réhabiliter les infrastructures, alors que le vrai défi réside, en effet, dans trois chantiers majeurs qui doivent être appréhendés dans le cadre d'une vision intégrée et globale.
Il s'agit de la mise à niveau ou réforme pédagogique, avec une adaptation des programmes aux enjeux nouveaux et le développement de filières innovantes et de qualité, l'instauration de la bonne gouvernance territoriale et financière pour une bonne allocation des ressources financières et la mise en place de pôles universitaires, et enfin la création de débouchés pour cette génération de futurs diplômés.
Le président du CESE a déploré le fait que la croissance en Afrique ne s'accompagne pas de créations massives d'emplois, estimant que c'est là où il faudra opérer un point d'inflexion en mettant en place des stratégies d'industrialisation, en se positionnant sur des secteurs de pointe ouverts à l'export et où le continent dispose d'avantages comparatifs.
M. Baraka a, dans ce cadre, cité le cas du Maroc qui a mis en place, en 2009, le Pacte national pour l'émergence industrielle, basé sur le développement de métiers mondiaux du Maroc dans les secteurs traditionnels (textile et cuir et agroalimentaire) mais aussi dans des secteurs orientés IDE, à savoir l'offshoring, l'automobile, l'aéronautique, l'électronique et, plus récemment, les industries chimiques et para-chimiques, pharmaceutiques, métallurgiques et mécaniques et les énergies renouvelables.
Sur un autre registre, il a fait savoir que la mise en réseau des Conseils économiques et sociaux africains, réunis dans le cadre de l'UCESA, est aussi un modèle de coopération dans les domaines de l'éducation, de la formation et de l'échange du savoir, relevant que toutes ces initiatives ne peuvent qu'être consolidées dans le cadre d'une coopération interafricaine plus globale qui couvre tous les chantiers, économiques, sociaux et culturels, dans un objectif d'intégration plus poussée.
Et de faire observer que "SM le Roi Mohammed VI a, d'ailleurs, entamé une tournée dans quatre pays africains frères, dont le Mali, afin de consolider les relations historiques d'amitié et de partenariat, preuve de l'engagement du Royaume dans l'avenir de son continent".
Initié dans le cadre de l'assemblée générale ordinaire de l'UCESA, cet atelier se propose d'engager une réflexion sur l'adaptation du système éducatif en Afrique au marché du travail et d'identifier le système le plus approprié pour faciliter l'insertion professionnelle des jeunes à travers le continent.
Cet atelier sert de cadre pour favoriser le dialogue et le partage des expériences et expertises, renforcer les capacités des conseillers membres de l'UCESA et des décideurs quant aux enjeux de l'insertion professionnelle des jeunes en Afrique, cerner le cadre d'intervention des CES et autres institutions similaires en vue d'apporter les meilleures réponses possibles, et identifier les outils et les méthodes idoines pour résoudre cette problématique.
(MAP-20/02/2014)